mardi 28 octobre 2014

La grâce des brigands de Véronique Ovaldé


Un soir de juin 1989, Maria Cristina Väätonen reçoit un appel de Lapérouse : la voici replongée dans les méandres de son enfance au Canada. Pourtant, elle a quitté son village à seize ans. Elle est devenue un écrivain célèbre et elle mène une vie libre et scandaleuse en Californie. Mais, au fond, elle est restée la vilaine sœur. Il lui faudra revenir sur ses pas pour conquérir définitivement sa liberté…
Prix du meilleur roman des lecteurs de points 2013

Mon avis : 


Si vous visitez régulièrement ce blog vous n'êtes pas sans savoir de Véronique Ovaldé fait partie des auteures que j'aime lire.  Un style que j'aime, des histoires qui m'embarquent dans des sortes de rêves étranges...

Tout a commencé par :


" Ce que je sais de Vera Candida " lu l'été 2011 - cliquez sur le lien !

Dès le départ j'ai aimé l'écriture de cette auteure et son univers onirique bien particulier.

Puis :

" Des vies d'oiseaux "  en décembre 2011

Encore ici, le charme de l'écriture de Véronique Ovaldé m'a conquis


Matchs auxquels je participe depuis cette date ! D'ailleurs cette année j'ai eu la chance d'être encore une fois retenue (ouf avant les 800 participants retenus pour cette année) et je devrais incessamment lire un livre de Marie-Sabine Roger "Trente-six chandelles ". Merci Oliver !

Enfin, et grâce à un jeu du cadavre exquis organisé par le Cercle Le Points , j'ai pu lire :

" Le sommeil des poissons " en mars 2014 lors de mes trajets en tram  

"La grâce des brigands " est donc ma 4ème rencontre avec cette auteure que je ne désespère pas rencontrer en vrai un jour.... 

Mais après tout c'est bien en lisant ses livres que les rencontres se font finalement.

Je l'ai lu ce livre dans le train essentiellement et encore une fois j'ai pris plaisir à voyager avec Maria Cristina Väätonen, cette femme et avant tout, cette enfant devenue femme en s'éloignant de sa famille bien spéciale.

Encore une fois Ovaldé nous offre un portrait de femme quelque peu tourmenté par des démons d'enfance et dont la vie d'adulte ne lui épargne pas grand chose non plus.

Mais nous avons aussi le portrait d'une femme écrivain qui a du s'affranchir de beaucoup de choses et de personnes pour libérer son écriture.

Véronique Ovaldé a-t-elle mis une partie de sa propre vie dans ce récit ? Sans doute, mais ce n'est pas le plus important de le savoir ... 

Non, je ne lui poserais pas les questions  auxquelles Claramunt le mentor de Maria Cristina lui avait demandé de se préparer.  Je fais des petites blagues aussi comme ce dernier...

" - Prépare des listes. (Claramunt)
- Des listes ?  (Maria)
- Ils passeront leur temps à te demander d'établir des listes. Les trois livres que tu emporterais sur une île déserte, le nom du naufragé avec lequel tu aimerais te retrouver sur ladite île, ton acteur mort préféré, ton acteur vivant préféré, la maladie qui te fait le plus peur, le pays où tu aurais aimé naître, ta recette de pâtes préférées, les trois fantasmes que tu n'as jamais révélés à personne et que tu brûles de dévoiler dans un magazine, tes cinqs hommes politiques préférés de tous les temps, tu peux citer Jésus, l'animal que tu aimerais avoir ou l'animal que tu aimerais éradiquer de la planète, la liste de tes allergies, tes bonnes adresses pour boire une pina colada à Los Angeles, ton truc de beauté...( Claramunt)" 

On retrouve chez Ovaldé des éléments récurrents, que l'on voit revenir au fil de ses romans mais cela ne me dérange aucunement. Comme en musique il y a des éléments qui me conviennent plus que d'autres.

Il y a souvent des lieux avec des ancrages forts. Ici la maison de famille, la ville de Lapérouse et également la Californie avec le château de Claramunt. 

Les hommes sont présents et les principaux protagonistes ne sont pas toujours hélas de bonnes fréquentations. 

Les liens familiaux sont toujours au cœur de ses histoires et l'amour finalement aussi.

J'ai encore une fois du mal à parler d'un livre que j'ai beaucoup aimé. 

Ce personnage de Maria Cristina Väätonen m'a ému et embarqué avec elle dans son histoire. 

Un élément nouveau dans cette histoire, c'est la place de la création littéraire. 
" Maria Cristina ferme les yeux. Elle ne sait pas si être poreuse à d'autres vies que la sienne est une fatalité ou une richesse. Ou si tout cela n'est pas simplement un exercice d’à priori - la divertissante estimation de ses contemporains d'après leur allure, leur fantôme de sourire ou leur oripeaux n'est peut-être pas une habitude si reluisante. Quand elle était petite  fille, elle se sentait engloutie par les émotions des gens."
La grâce des brigands m'a une nouvelle fois emporté. Je me suis attachée à cette femme et j'ai pris plaisir à la voir s'affranchir et se libérer des conventions trop restrictives qui lui ont été imposées. Une femme aux multiples fêlures qui accèdera à sa liberté avec douleur. 


 
Merci Véronique Ovaldé, pour ces instants de grâce 
que vous parsemez tout au long de mon chemin de lectrice.

 Je vous dis également à très bientôt je l'espère !

@Didi octobre 2014

mercredi 15 octobre 2014

Des noeuds d'acier de Sandrine Collette

Avril 2001. Dans la cave d'une ferme miteuse, au creux d'une vallée isolée couverte d'une forêt noire et dense, un homme est enchaîné. Il s'appelle Théo, il a quarante ans, il a été capturé par deux vieillards qui veulent faire de lui leur esclave.
Comment Théo a-t-il basculé dans cet univers au bord de la démence ? Il n'a pourtant rien d'une proie facile : athlétique et brutal, il sortait de prison quand ces deux vieux fous l'ont piégé au fond des bois. Les ennuis, il en a vu d'autres. Alors, allongé contre les pierres suintantes de la cave, battu, privé d'eau et de nourriture, il refuse de croire à ce cauchemar. Il a résisté à la prison, il se jure d'échapper à ses geôliers.
Mais qui pourrait sortir de ce huis clos sauvage d'où toute humanité a disparu ? Site des Éditions Denoël

Sandrine Collette @Didi QDP Lyon 2013
Mon avis : 

Non, non, non, ce livre ne provient pas d'un achat avec Didicace lors du Quai du Polar lyonnais session 2013. Ce jour là, j'ai en effet vu l'auteur mais je me suis contentée de lui dire que j'allais bientôt la lire et que ma sœur qui elle l'avait lu, avait beaucoup aimé. 

Oui, ma sœur est une grande lectrice et on se prête mutuellement les livres qui nous on plu. On se conseille, on en discute. A chaque fois que je vais chez elle j'adore regarder sa bibliothèque ! Un régal, sachant que tous ses livres, je peux les lui emprunter sans aucun problème.

Mais encore une fois me voilà bien bavarde et vous lecteurs attendez mon avis ;-)

Je peux dire que j'ai été happée par cette histoire. Elle m'a laissé sans souffle !

J'ai lu ce livre en très peu de temps, lecture dans le train mon rythme est soutenu et le train est vraiment propice à la lecture. D'ailleurs le soir je suis tellement naze en ce moment que je lis très peu avant de m'endormir en plein milieu d'une page....

Dans le train je pressais parfois ma lecture et pestais quand ma station arrivait sachant que je devais alors attendre la fin de ma journée pour reprendre ma lecture dans le train du soir. J'ai volontairement fait en sorte d'être tranquille, seule avec mon livre. 

Sandrine Collette sait très bien captiver son lecteur, l'accrocher, le cadenasser.

Nous vivons avec effroi l'horreur de la détention de Théo, avec impuissance et nous frémissons. 

On espère un peu à mi parcours du livre ... Mais la lectrice que je suis, s'est vite rendue compte que le livre était loin d'être fini et qu'il était sans doute inutile d'espérer une quelconque évasion.... Rhhhaaa !!!!

Esclavage, séquestration, déchéance, folie, rien, non rien ne nous est épargné, on ramasse comme Théo !!!

On s'attache à Théo, on espère pour lui, on a peur...

Sandrine Collette nous offre une très bonne description de la déchéance physique et de la solidarité dans les épreuves entre les deux hommes séquestrés.

Présenté comme un fait divers réel, cette histoire n'est vrai que dans le livre, pour la fiction, c'est un peu rassurant quand on aime se promener seul dans les bois, n'est-ce pas chers amis  ?...

Un huis clos effrayant,
 des personnages attachants et attachés : Luc et Théo 
mais aussi, et surtout, des bourreaux 
complètement frapadingues, dérangés et dérangeants !

Ce livre sur la captivité a su m'attraper pour ne plus me lâcher !
 Je vous invite à vous laisser captiver vous aussi, pour le pire ... et le pire !  


tous les livres sur Babelio.com

Quant à moi je vais continuer ma rencontre avec Sandrine Collette, 
et oui ma sœur à également le dernier "Un vent de cendres " 
qu'elle va me prêter ! Merci ma grande sœur !


   

mercredi 8 octobre 2014

Zola Jackson de Gilles Leroy

Août 2005, delta du Mississippi : l'ouragan Katrina s'abat sur La Nouvelle-Orléans. Les digues cèdent sur le lac Pontchartrain et les quartiers modestes sont engloutis. La catastrophe touche de plein fouet la communauté noire. Tandis que ses voisins attendent des secours qui mettront des jours à arriver, l'institutrice Zola Jackson s'organise chez elle pour sa survie. L'eau continue de monter, inexorablement. Du ciel, les hélicoptères des télévisions filment la mort en direct. Réfugiée dans le grenier avec sa chienne Lady, Zola n'a peut-être pas dit son dernier mot. Sous la plume de Gilles Leroy, Zola Jackson, femme de trempe et mère émouvante, rejoint le cercle des grandes héroïnes romanesques.

Mon avis :

Lors de mes vacances dans le Médoc en gîte, le propriétaire a eu la bonne idée de mettre à disposition une bibliothèque. Avec pas mal de classique et des romans plus contemporains.

J'ai ainsi trouvé Zola Jackson que j'avais envie de lire depuis longtemps. Un petit livre, parfait pour pouvoir le laisser dans la bibliothèque lors de mon départ. 

Problème de TV au gîte qu'à cela ne tienne j'ai beaucoup lu et nous avons eu un coffret de 3 bouteilles de vins du Médoc pour l'embêtement causé. Hihihihhi, nous la TV on la regarde que très peu.  Merci au propriétaire pour ses gentilles intentions ( ou attentions je ne sais plus...)

Cette lecture a été rapide, je l'ai lu en deux jours !!! 

Zola est une femme noire du Mississippi, elle vit seule dans une maison qui va subir l'ouragan Katrina.

A travers son calvaire (Zola ne voulant pas quitter  sa maison), Zola va nous raconter sa vie, et quelle vie elle nous trace !!! Remplie de difficultés et de malgré tout de quelques joies.... 

On devine que cette femme est forte, c'est une battante. Mais a-t-elle encore des raisons de vivre ? ....   

Ce livre m'a bousculé, il est très fort. Il est certes pas long, mais c'est un véritable condensé d'émotions et de sensations. 

Gilles Leroy nous décrit à travers cette femme non seulement sa vie mais la survie lors de l'épisode de l'ouragan. La vie de cette femme étant remplie de tempêtes ...
J'ai aimé le lire même s' il est dur... 

Je me prends alors à penser à cette femme très forte dans la douleur avec respect et empathie. 


Je vous note quelques extraits parlants quant à l'écriture de Gilles Leroy que j'apprécie. (2ème roman de cet auteur après Alabama song) et deuxième portrait de femme par un auteur masculin.

Sur la description de l'ouragan

" Au petit matin (on ne peut pas parler d'aurore, non), les vents fléchirent un peu, le bruit de casse s'étouffe un peu et l'onde est arrivée pour finir, à laquelle on aurait cru pouvoir échapper. C'était comme un théâtre, un représentation où il faut une pause entre deux tableaux, deux actes un silence puis le mouvement reprend, la tragédie veut son terme et la terreur revient sous une autre forme. "

Sur Zola qui pense à son fils qu'elle a perdu

" Mon enfant, on dirait que c'est l'heure. L'heure de te rejoindre et je ne l'ai pas volée. Ça fait peur, ça fait un bien fou.
Délivre moi mon fils, délivre moi du mal, délivre moi de mes péchés, libère moi de la peur, pardonne la bêtise, pardonne la jalousie, délivre moi du poinçon de haine, délivre moi du goût amer des passions tristes, délivre moi de ton amour pour toi, délivre moi. "

Une lecture qui claque comme le vent lors d'une tempête

Un ouragan d'émotions et un très beau portrait de femme.

Zola Jackson un roman à lire,  assurément !


tous les livres sur Babelio.com

dimanche 5 octobre 2014

Pour notre ami Andréa

Chanson des escargots qui vont à l'enterrement

A l'enterrement d'une feuille morte
Deux escargots s'en vont
Ils ont la coquille noire
Du crêpe autour des cornes
Ils s'en vont dans le noir
Un très beau soir d'automne
Hélas quand ils arrivent
C'est déjà le printemps
Les feuilles qui étaient mortes
Sont toutes ressuscitées
Et les deux escargots
Sont très désappointés
Mais voilà le soleil
Le soleil qui leur dit
Prenez prenez la peine
La peine de vous asseoir
Prenez un verre de bière
Si le cœur vous en dit
Prenez si ça vous plaît
L'autocar pour Paris
Il partira ce soir
Vous verrez du pays
Mais ne prenez pas le deuil
C'est moi qui vous le dis
Ça noircit le blanc de l’œil
Et puis ça enlaidit
Les histoires de cercueils
C'est triste et pas joli
Reprenez vos couleurs
Les couleurs de la vie
Alors toutes les bêtes
Les arbres et les plantes
Se mettent à chanter
A chanter à tue-tête
La vraie chanson vivante
La chanson de l'été
Et tout le monde de boire
Tout le monde de trinquer
C'est un très joli soir
Un joli soir d'été
Et les deux escargots
S'en retournent chez eux
Ils s'en vont très émus
Ils s'en vont très heureux
Comme ils ont beaucoup bu
Ils titubent un petit peu
Mais là-haut dans le ciel
La lune veille sur eux.

Jacques PRÉVERT, Paroles (1945)